Récit d'un autochtone



De temps immémoriaux, c’était un village de bocage (comme la plupart des villages béarnais) où les plus grandes parcelles n’excédaient guère l’hectare.
Les agriculteurs-entrepreneurs étaient fort rares (au-delà de 20 hectares une propriété était considérée comme grande) et les paysans, nous bien sûr, pratiquaient une polyculture de subsistance : blé, maïs (rien à voir avec les hybrides actuels), pomme de terre, vigne, jardins horticoles ; nous étions des éleveurs- nés avec petit élevage artisanal: volaille, lapins, porcins, ovins, bovins…

Les temps étaient durs pour le plus grand nombre. Par exemple, certains, les plus désargentés ou les moins gourmets, ne gardaient, ni les jambons issus de la pélère, ni les foies des oies grasses. (Alors, les canards ne tenaient pas le haut du pavé, même pas le haut  de la mare.) Jambons et foies étaient vendus, soit à des particuliers un peu plus aisés, soit sur les marchés de gras, Aire sur l’Adour notamment. On n’avait pas besoin de label, c’était du fameux par essence.

La vigne bénéficiait d’une attention toute particulière, l’eau était bannie de partout sauf de la garbure …., et donnait aussi un breuvage détonant, « l’aigo de vito* » qui était la panacée de nos chers villages : pousse-café, pousse-misère, désinfectant quand la faux avait été trop tranchante et même vermifuge pour les veaux. Peu d’hommes avaient des « vers » !

*-le cépage noah fut interdit car son marc déliriumtremensait nos vieux, aux dires des mauvaises langues et des prohibitionnistes

La révolution et/ ou évolution technologique, à partir des années 60, transforment radicalement la vie, le paysage et aussi peu à peu les mentalités. Plus de meuglements et de sonnailles dans chaque fermette, plus de roucoulements de pigeons, plus de piaillements de pintades, plus de jars poursuivant les intrus, plus de «   pouricou ! pouricou ! »,  plus  de «  saïy ! saïy ! saïy ! » (à l’intonation chacun  savait qui était hélé), plus de chant du coq, plus de pélère, de battère, d’ajude, de moundjétade.  ( le plus ici ne voulant pas dire davantage). Mais, nous avons gagné plus de loisirs . . .

C’est maintenant un territoire agricole notamment consacré à la culture des céréales, essentiellement le maïs, et aux prairies sur les reliefs collinaires plutôt mouvementés.
Les petites propriétés disparaissent inexorablement, rentabilité et survie obligent. Le corollaire est l’augmentation de la superficie de celles qui perdurent.

L’élevage bovin, pratiqué dans toutes les fermes il y a encore peu, régresse régulièrement : marchés incertains, travail trop astreignant pour une population tentée par les loisirs dominicaux ? Il n’existe plus qu’une dizaine d’acharnés courageux. Quelques uns produisent encore des veaux sous la mère (et pas la mer) : rendons-leur grâce !

En revanche, plusieurs de nos jeunes se sont tournés vers la volaille et travaillent de plus en plus vers des produits labellisés.

Le village est toujours très beau, bocage ou pas. Et ne pensez surtout pas que nous sommes chauvins ! 


Les trois communautés, réunies au XIXè siècle, faisaient partie de la seigneurie de Sadirac, mais l’église de Taron leur était commune. En 1385, on dénombrait 14 ostaus à Taron, mais 15 à Sadirac. Equilibre largement inversé de nos jours en faveur de Taron.
Sadirac était le centre d’une véritable « châtellenie », le Sadiraguès, regroupant Sadirac, Taron, Viellenave, Mascaràas, Haron, Maumusson et Ribarrouy qualifiée de, Ruffebaronnie, en 1553, puis, à partir du début du XVIIè siècle de Vicomté.
En 1614, les seigneuries de Mascaràas, Haron et Ribarrouy avaient été vendues. On retrouve ensuite une longue liste de noms plus ou moins connus en Béarn et qui vont se transmettre ces terres par mariage,succession,vente ….Salies-Lème, Dejean, Esquiule, Lin de Marsan,Arripe, Casemajor d’Oneix, Prat, Sarraute …
Il y avait à Sadirac un moulin banal (cf carte de Cassini ) pour Taron, Sadirac, Viellenave ;Ribarrouy et Maumusson, dénombré en 1681.
Ce qui reste de plus marquant de cette époque est, sans conteste, la magnifique église paroissiale de l’Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie.
Elle a pris le pas sur l’ancienne villa gallo-romaine sur l’emplacement de laquelle elle a été construite, laissant du coup sans réponse de nombreuses interrogations sur une grande partie de la villa qui n’a pu de ce fait être fouillée entièrement.


Chronologie rapide : 
- Présence humaine attestée dès l'âge du fer
- Premier siècle, implantation de la première villa
- Fin quatrième, début cinquième siècle implantation de la seconde villa sur la première
- Dixième, onzième siècle ? construction d’une église romane ?
- Douxième siècle construction de la chapelle romane au sud (actuelle sacristie)
- Quinzième siècle, reconstruction de l’église actuelle sur l’ancienne
- Rajout de la chapelle Saint Augustin au sud
- Seizième siècle (1530) rajout de la chapelle Sainte Catherine au nord
- Dix-huitième siècle : transformation du presbytère (1735), rajout du corps de porche à l’ouest (1744-1747), surélévation et restauration du clocher-tour (1759-1762).
- Rajout de la galerie du presbytère en 1885-1886
- La motte féodale de Sadirac


"Le lieu dit Pehau correspond au nom d'une famille sadiracoise qui n'a rien à voir avec les origines de la "grande mothe esminante" dénombrée en 1861 par le seigneur de Sadirac au voisinage immédiat de la maison seigneuriale. La motte tronconique est fort élevée et commande la confluence du grand et du petit Lées. Une première "basse-cour" est coupée par la route. La seconde basse-cour est beaucoup plus vaste: c'est sur celle-ci que fut construit dans le dernier quart du XVIIIe siècle le château. A l'Ouest, on distingue une terrasse assez large dominant le cours d'un petit ruisseau".

Source: "Les cahiers du Vic-Bilh", revue n°11 - Juillet 1990 - page 36